Napoléon III : la modernité inachevée Thierry Lentz
Longtemps relégué au statut de « mal-aimé » de l’histoire de France, Napoléon III (1808-1873), neveu de Napoléon Bonaparte et dernier Empereur des Français, incarne, de par son parcours politique et personnel, les contradictions de toute une époque qui s’achève brutalement par la défaite française dans la guerre franco-allemande de 1870-71. Acculé, rongé par la maladie, Napoléon III abdique et meurt en exil en Grande-Bretagne le 9 janvier 1873 : on commémore cette année le 150e anniversaire de sa disparition. Richement illustrée, la biographie de Thierry Lentz, historien spécialiste de l’époque napoléonienne, livre un regard nouveau sur l’œuvre politique, économique et sociale de Napoléon III, sans toutefois verser dans le récit hagiographique. L’originalité du travail de T. Lentz tient au questionnement même qui sous-tend la trame de son récit : le règne de Napoléon III (1852-1870), appelé aussi communément le « Second Empire » (par opposition au « Premier Empire » de son aïeul), est loin de constituer une simple parenthèse dans l’histoire de France. Nonobstant le caractère autoritaire du régime politique qui le sous-tend, le Second Empire est porteur du projet personnel de Napoléon III de faire de la France un Etat « moderne », avec tout ce que cela suppose, dans le contexte d’alors... Malgré des choix contestables en matière de politique étrangère (participation de la France à la guerre de Crimée, l’expédition au Mexique en 1867, pour ne citer que ces exemples-là), la France de Napoléon III est en proie à un développement économique, commercial et industriel sans précédent. De même, Napoléon III encourage le développement des sciences (on se souviendra des débuts d’un certain Louis Pasteur…). Le réaménagement des espaces urbains (voir les chantiers haussmanniens à Paris) fait également partie des priorités de Napoléon III. Enfin, la production littéraire et artistique n’est pas en reste, comme en témoigne à l’époque la profusion d’œuvres littéraires (Emile Zola, e.a.). D’une lecture agréable, l’ouvrage de T. Lentz se conçoit comme une invitation à (re)découvrir une époque jetée à tort dans les oubliettes de l’Histoire.
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