Plaisirs de la période festive et traditions hivernales

Liste de lecture

Nadine Abel-Esslingen

Un choix de lectures à l’approche des fêtes pour s’évader un peu quand le temps est morose. Pour voir la vie en rose, la mode et l’art de paraître sont à l’ordre du jour de cette période festive, ainsi que les arts de la table. On redécouvre des traditions sur lesquelles on croyait tout savoir et on voyage à travers différentes contrées et plusieurs siècles sur les traces de métaux précieux, d’élixirs envoutants et de parfums capiteux.   

Le monde dans nos tasses : trois siècles de petit déjeuner (Christian Grataloup)

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Pour bien commencer la journée, rien de tel qu’un bon petit déjeuner. Dans Le monde dans nos tasses, l’auteur fait référence aux boissons exotiques, thé, café et chocolat, qui nous arrivèrent en Europe au 18e siècle de lointaines contrées. Le petit déjeuner s’articule autour de ces boissons chaudes et généralement de choses sucrées, le sucre venant également d’une plante tropicale. Il n’en fut pas toujours ainsi et Grataloup nous livre un historique passionnant, faisant de ce repas un « microcosme du monde ».

Afternoon tea : a history (Julia Skinner)

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Cette tradition à l’origine purement britannique, qui se rependit sur son Empire, permet à Skinner d’explorer un pan de l’histoire coloniale anglaise. Elle nous ramène dans son dernier chapitre à une époque plus récente, où c’est le National Trust qui raviva l’intérêt des anglais pour cette coutume en proposant le thé de l’après-midi aux visiteurs dans ses propriétés historiques. Dans les années 2000 c’est devenu un grand business, que s’arrachent les hôtels et salons de thé, qui inventent des menus salés/sucrés de plus en plus extravagants, à la grande joie des touristes.

Au pays du raki : le vin et l’alcool de l’Empire ottoman à la Turquie d’Erdoğan (XIVe-XXIe siècle) (François Georgeon)

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L’auteur nous étaye le rapport complexe qu’entretiennent les Ottomans et les Turcs avec l’alcool, interdit par l’islam. L’histoire de la consommation de l’alcool dans cette région et plus généralement au Moyen-Orient, longtemps négligée, fait l’objet d’études scientifiques récentes. Au gré des changements politiques, l’attitude du pouvoir à l’égard de l’alcool reste le même. La volonté de faire respecter les lois religieuses, les règles morales et l’ordre public, est en contradiction avec les intérêts économiques qu’engendrent sa production et sa consommation. La politique est incohérente et l’auteur souligne qu’« en Turquie, suivre les traces de l’alcool permet en somme d’échapper à l’ivresse des discours. »

Tobacco : a cultural history of how an exotic plant seduced civilization (Iain Gately)

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Un autre pratique qui suscite la désapprobation est celle de fumer du tabac. Gately nous raconte de manière très divertissante les coutumes autour du tabac, qui varient en fonction des pays. En Europe, le tabac ramené à la moitié du 16e siècle, fut d’abord planté dans les jardins de palais, où il fut étudié par les médecins de la cour. Un médecin de Séville Nicolás Monardes en vanta les mérites en lui attribuant des facultés de guérison pour toutes sortes de maux. Les anglais volèrent le tabac sur les galères espagnoles venant du Nouveau Monde et la culture du tabac fut tristement liée à l’esclavage. On apprend que les soldats revenant des tranchées lors de la 1ère guerre mondiale fumaient et que la prohibition de l’alcool aux États-Unis engendra davantage de consommation de cigarettes. Le cinéma américain va associer le fait de fumer avec le glamour des stars. Il faudra attendre les années 50 avant qu’un journal médical américain établisse la corrélation entre fumer et cancer du poumon. Le tabac reste la substance la plus équivoque de consommation courante.

Chez eux : quand recevoir est un art (Pierre Sauvage)

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Le mois de décembre est une période de l’année propice à la convivialité. Cet ouvrage nous ouvre les portes des salons de décorateurs, éditeurs, créateurs et permet de s’inspirer de l’art de la table de ces hôtes vivant aux quatre coins de la planète. Chaque intérieur reflète la personnalité de son propriétaire, et les photographies comme les décorations sont somptueuses. On y découvre des secrets de savoir-vivre, ainsi que des recettes.

Christmas : a biography (Judith Flanders)

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Cette historienne spécialisée dans les faits de société nous révèle toutes nos fausses croyances sur Noël. La célébration de cette période festive fut toujours accompagnée d’excès en tout genre et fut moins imprégnée de religion qu’on pourrait le penser. Au Moyen Âge, Noël devint une occasion pour le jeu d’argent, pas toujours permis pendant le reste de l’année. La tradition des cadeaux du Noël médiéval commença par le métayer donnant un cadeau au seigneur et pas l’inverse. La coutume des arbres de Noël viendrait de Riga et au 19e siècle elle suscita davantage d’engouement aux États-Unis qu’en Angleterre. Flanders estime que de nos jours Noël est devenu un amalgame des différentes traditions, que chacun essaie de relier à sa propre culture. C’est un livre érudit et entraînant.

Dress codes : how the laws of fashion made history (Richard Thompson Ford)

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Pour beaucoup de gens, comment s’habiller pour les fêtes relève du casse-tête. Ce professeur de droit et critique culturel nous expose les codes en vigueur du Moyen Âge à l’époque actuelle et plus jamais il ne vous viendra à l’esprit de penser que le fait de choisir sa tenue est un acte superficiel.

I am dandy : the return of the elegant gentleman [photogr. by Rose Callahan ; text and introd. by Nathaniel Adams]

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Pour dissiper toutes idées préconçues sur l’excentricité et l’extravagance vestimentaire, ce livre nous présente une brochette de personnes dans leur lieu de vie, pour qui s’habiller est une chose sérieuse. « Si les gens se retournent sur vous dans la rue, c’est que vous n’êtes pas bien habillé », disait Beau Brummel, le dandy anglais du 19e siècle. Son contemporain français, Barbey d’Aurevilly estimait que « Les esprits qui ne voient les choses que par leur plus petit côté, ont imaginé que le Dandysme était surtout l’art de la mise, une heureuse et audacieuse dictature en fait de toilette et d’élégance extérieure. Très certainement, c’est cela aussi ; mais c’est bien davantage. Le Dandysme est toute une manière d’être, et l’on n’est pas que par le côté matériellement visible. » Dans notre monde contemporain, qui encourage l’uniformité vestimentaire, ne serait-ce que par la prolifération des grandes enseignes identiques de par le monde, l’originalité est un acte de courage, comme en témoigne ce livre.

La métaphysique du bijou : objet d’histoires, parure du corps et matériau de l’oeuvre d’art au XIXe siècle (Charline Coupeau)

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Cette étude multi-disciplinaire, qui était à la base une thèse de doctorat, transpose le bijou dans le contexte social du 19e siècle français. On découvre la distinction entre « joaillerie, bijoux du soir, et bijouterie, bijoux de jour» et l’ouvrage se concentre sur la période du règne de Louis Philippe jusqu’au début du 20e siècle. Toutes les couches de la société se parent et le bijou révèle l’appartenance sociale et l’identité d’un groupe. L’auteur se penche aussi sur l’approche psychologique du bijou en tant qu’œuvre d’art. Le bijou s’infiltre même dans les poèmes de Baudelaire, qui décrit dans Une Martyre des larmes comme « les perles que versent tes yeux », ainsi que dans ceux de Théophile Gautier : « ses paupières battent des ailes sur leurs globes d’argent bruni ». Selon Coupeau, le bijou est « l’expression brillante et scintillante du XIXe siècle. »

Le voyage dans la peau : Berlin, Londres, New York, Tokyo, Paris (Nicolas Brulez, Mylène Ebrard)

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Une autre manière plus définitive de se parer, est de se faire tatouer. Nicolas Brulez nous invite au gré de ses voyages à la rencontre des tatoueurs et des adeptes de cet art. Chaque halte est ponctuée d’un historique du tatouage dans ce pays. Au Japon, les parties du corps tatouées doivent être couvertes dans les lieux publics. En Angleterre, les marins introduisirent le tatouage et même le roi Harold II d’Angleterre en arborait. En France au 19e siècle, le tatouage est lié au bagne et est signe d’opposition au système. C’est un livre très original de par sa mise en page avec des photos surprenantes.

The perfume roads = Les routes du parfum (Creezy Courtois)

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Et une dernière touche pour être prêt pour les fêtes sous la forme d’une goutte de parfum. Cette historienne et anthropologue nous mène sur les routes du Moyen-Orient, de l’Orient et de l’Occident. Chaque pays a sa propre tradition du parfum. En Égypte ancienne, l’on disait « Qui respire le parfum des fleurs respire l’âme des fleurs » et au Moyen Âge on pensait même que la senteur des roses allait aider à combattre la peste noire. Au temps des croisades et de l’inquisition l’église catholique interdit l’usage quotidien du parfum et l’associa même à la sorcellerie. Au 16e siècle l’aristocratie se parfumait au lieu de se laver et Catherine de Medici utilisait des gants empoisonnés et parfumés pour se débarrasser de personnes encombrantes. Cet ouvrage richement illustré présente aussi de nombreuses photos de flacons et accessoires.

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