Dans les vitrines de la BnL - le British Empire

 

A partir du mois d'août, la Bibliothèque nationale invite ses usagers à découvrir l'Empire britannique dans ses vitrines.

L’Empire britannique (« British Empire ») est l’ensemble territorial composé de territoires aux statuts divers gouvernés ou administrés par la Grande-Bretagne, qui trouve son origine dans les comptoirs commerciaux, puis les colonies d’outre-mer établis progressivement par l'Angleterre, à partir de la fin du XVIe siècle. Le terme « British Empire » fut forgé par John Dee (1527-1608), mathématicien, astronome et astrologue, précurseur de la colonisation de l’Amérique du Nord et de l’élargissement de l’Empire britannique au-delà de l’Atlantique Nord. A la fin du 19e siècle, la Grande-Bretagne est devenue la 1ère puissance économique, maritime et coloniale à l’échelle mondiale. L’extension territoriale de l’Empire est à son apogée en 1922, avec un quart de la population mondiale d’alors, soit environ 400 millions d'habitants, et s'étend sur 29,8 millions de km² (environ 22 % des « terres émergées », c’est-à-dire de l’ensemble de la surface terrestre qui n’est pas recouverte par les eaux). Aussi l’empreinte de la Grande-Bretagne continue-t-elle de perdurer dans les anciens pays colonisés, que ce soit dans les domaines de la politique, du droit, de la linguistique ou de la culture.

Au cours de l'Âge des découvertes aux XVe et XVIe siècles, le Portugal et l'Espagne se disputent la domination des mers et fondent de vastes empires. Envieux des richesses conférées par ces empires, l'Angleterre – séparée alors de l’Ecosse -, la France et les Pays-Bas leur emboîtent le pas et cherchent à établir des colonies et des comptoirs commerciaux en Amérique et en Asie. Côté anglais, la première expédition est lancée à l’initiative du roi Henri VII d’Angleterre, qui charge Jean Cabot (1450-1498), navigateur et explorateur vénitien, de mener un voyage dans l'Atlantique nord pour découvrir une route vers l'Asie : Cabot quitte l'Angleterre en 1497, cinq ans après la découverte de l’Amérique, et atteint les côtes de Terre-Neuve, île située au large de la côte atlantique de l'Amérique du Nord. Faisant actuellement partie de la Province canadienne Terre-Neuve-et-Labrador, ce bout de territoire abrite dès 1497 une première colonie britannique.

Ce n’est qu’avec la création d'implantations en Amérique du Nord (p.ex. colonies anglaises sur la côte Est de l’Amérique du Nord comme la Virginie, le Massachusetts…) et dans les Caraïbes (p.ex. colonies de St. Lucia, de Grenade, la Barbade…) et la fondation des premières compagnies commerciales - dont la plus notable est la « Compagnie anglaise des Indes orientales » - que l’Empire britannique prend véritablement forme au XVIIe siècle, l’objectif étant d'administrer les colonies et de développer le commerce avec la métropole. Cette période, qui dure jusqu'à la perte des « Treize colonies » après la Guerre d'indépendance des États-Unis (1775-1783) vers la fin du XVIIIe siècle, est désignée par l'expression « Premier Empire britannique ». L'attention britannique se focalise alors sur l'Afrique, l'Asie et le Pacifique. À la suite de la défaite de la France napoléonienne en 1815, la Grande-Bretagne connaît un siècle de domination sans partage et étend ses possessions dans le monde entier. Les « dominions » - p.ex. Afrique du Sud, Australie … - se voient accorder, à des degrés divers, une certaine autonomie, en particulier dans le domaine de la politique intérieure. Toutefois, les affaires étrangères sont gérées par le gouvernement britannique.

La montée en puissance économique - et maritime - de l'Allemagne et des États-Unis à la fin du XIXe siècle menace celle de la Grande-Bretagne, qui puise largement dans son vivier de recrues militaires que constitue l’« Empire » : ainsi, 2,5 millions d’hommes issus des colonies et des dominions de l’Empire (en particulier l’Australie, la Nouvelle-Zélande et Terre-Neuve) servent sous la bannière britannique entre 1914 et 1918. Les Forces armées du Canada épaulent la Grande-Bretagne. La situation du « British Empire » demeure paradoxale après 1918 : malgré son extension géographique maximale – la Grande-Bretagne obtient des Alliés le contrôle de la Palestine mandataire, de l’Irak, d'une partie du Cameroun, du Togo et du Tanganyika (e.a.), la puissance de l’ « Empire » n’est plus incontestée. La puissance économique de l’Angleterre est ébranlée ; la signature du Traité naval de Washington en 1922 oblige la Grande-Bretagne à réduire son armement maritime, conformément au contexte de promotion d’une réduction des armements qui prévaut après la Première Guerre mondiale.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, les colonies britanniques d'Asie du Sud-Est sont occupées par le Japon, ce qui accélère le déclin du « British Empire » malgré la défaite finale du Japon. L’implosion en 1947 de l’« Empire britannique des Indes » (1858-1947) – appelé aussi « partition des Indes » -, qui comprend alors l’Inde, le Pakistan et le Bangladesh actuels, modifie considérablement la configuration géographique, politique et ethnico-religieuse du sous-continent indien : l’Union indienne (République d’Inde actuelle) et le « Dominion du Pakistan » (Pakistan et Bangladesh actuels) accèdent à l’indépendance en 1947.

Le processus de décolonisation est lancé, la plupart des territoires de l'Empire britannique obtenant leur indépendance dans la foulée. La crise de Suez de 1956 se solde par un véritable fiasco pour la Grande-Bretagne, marquant la perte inexorable de sa puissance face aux États-Unis. La rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997 marque l’épisode final de la décolonisation britannique.

Et aujourd’hui ? Après leur indépendance, la plupart des anciennes colonies britanniques rejoignent le « Commonwealth of Nations » (signifie littéralement « Communauté des nations »), une association libre d'États indépendants qui voit le jour en 1949. Survivance de l’ancien « British Empire », cette organisation regroupe actuellement 53 Etats, dont 32 républiques et 16 « royaumes » qui conservent le souverain britannique comme chef d'État : c’est le cas notamment du Canada et de l’Australie, dont les pièces de monnaie continuent d’être frappées à l’effigie d’Elisabeth II.

Informations tirées de :

  • Encyclopaedia Universalis (édition électroniquedisponible aux usagers de la BnL et des bibliothèques membres du Consortium Luxembourg)

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