A la recherche des six derniers poèmes de Jorge Luis Borges
En tant que responsable pour les langues et littératures hispanophones et lusophones, nous avons décidé d’acquérir les œuvres et les traductions du romancier et essayiste Héctor Abad Faciolince (né en 1958), qui a reçu différents prix internationaux. Nous nous sommes efforcés de trouver, autant que possible, des traductions en allemand et en français.
El olvido que seremos (Héctor Abad Faciolince)
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Parmi ces ouvrages, nous avons acquis celui qui deviendra son roman le plus connu jusqu’à maintenant, El olvido que seremos, traduit en français par Albert Bensoussan avec le titre L’Oubli que nous serons et en allemand par Sabine Giersberg avec un titre modifié en Brief an einen Schatten. Dans ce roman, qui a connu une adaptation cinématographique par Fernando Trueba en 2019, l’auteur revient sur un moment traumatique de sa vie : l’assassinat de son père. En effet, le médecin Héctor Abad Gómez était devenu une figure importante du Partido Liberal Colombiano, militant pour les droits de l’homme, prenant la parole contre des groupes paramilitaires et surtout, défenseur d’un système de santé publique. Sa popularité l’ayant rendu trop dangereux pour les défenseurs d’un status quo, il est assassiné en plein jour dans la Calle Argentina de Medellín le 25 août 1987. Sur la dépouille mortelle du médecin, on retrouve une transcription manuscrite d’un poème signé J.L.B. Cet acronyme et le style du poème font immédiatement penser à l’auteur argentin Jorge Luis Borges.
Obras completas (Jorge Luis Borges)
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En tant que bibliothécaire, nous sommes tout à fait conscients de la forme du texte ; un roman n’est pas un ouvrage historiographique. Il faut néanmoins vérifier, car s’il y a des poèmes de Borges, qui ne seraient pas présents dans son édition complète (en espagnol, en français et en allemand), il nous faudrait les trouver et les mettre à disposition des lectrices et lecteurs selon les règles bibliothéconomiques.
Nous commençons donc notre recherche comme tout citoyen, par des moteurs de recherche. Nous trouvons un article de Paula Maria Zacharías du 3 janvier 2015 dans les archives du journal argentin La Nación.
La forme du texte change : l’information qui était romancée au début, devient nouvelle en Argentine. Nous y apprenons que suite à l’assassinat de son père, Héctor Abad Faciolince s’est en effet mis à la recherche de ce texte, retrouvé dans le portefeuille de son père. La question passe alors du roman à un contexte historico-littéraire : Comment ce poème d’un auteur argentin, aveugle et qui ne voyageait plus, est-il arrivé en Colombie sans publication au préalable ? Et là, tout une controverse est déclenchée, car retrouver les derniers poèmes du plus grand auteur argentin devient alors une question d’importance nationale outre-Atlantique. Au même temps, elle devient aussi une aubaine pour l’auteur présumé de ce poème cité par Héctor Abad Faciolince. En effet, la popularité du roman et de son adaptation cinématographique réveille des velléités et souvenirs chez certains auteurs, si ce n’est que pour des droits d’auteurs qui seraient alors versés à qui de droit. Et là, nous entrons dans une discussion juridique, car différentes personnalités veulent se reconnaitre auteurs de ce poème ayant donné le titre au roman d’Héctor Abad Faciolince.
Los falsificadores de Borges (Jaime Correas)
Jaime Correas, qui, pour nous mener sur une piste aussi sinueuse que l’aurait voulu l’auteur de la figure de Pierre Ménard, auteur du Quichote, nous a écrit un roman intitulé Los falsificadores de Borges pour nous raconter les tribulations de ces poèmes.
Quoi qu’il en soit, nous continuerons à rechercher ces six poèmes, qui jouent d’ores et déjà un rôle dans la littérature de l’Amérique hispanophone.
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