Sous le signe de l’écu

Quels éléments composent un blason ?

Fonds des manuscrits

Pit Péporté

Les armoiries sont des emblèmes apparus au 12e siècle dans le nord de la France et en Angleterre et qui se répandirent au 13e siècle dans toute l’Europe. Au départ, ils appartenaient aux combattants nobles puisque les chevaliers les portaient comme signe distinctif sur leur bouclier lors de tournois et de batailles. Il n’est cependant pas certain qu’ils aient pu être repérés dans le chaos des affrontements.

Mais les armoiries exprimaient aussi d’autres éléments identitaires, notamment celui de la famille puisqu’elles se transmettaient de père en fils. Le choix des motifs reflétait souvent les alliances avec d’autres familles ou de souverains puissants. En tant que privilège de la noblesse et de la chevalerie, elles en manifestaient aussi le statut.

MS 916, Bl. 27r - Armes légendaires

Les armoiries prennent généralement la forme d’un écu (ou bouclier). Celui-ci varie légèrement selon le pays et l’époque mais aussi le sexe. Pour les hommes, l’écu est toujours pointu.

À la fin du Moyen Âge, de nouvelles formes ont été conçues pour les femmes, p. ex. en forme de losange (France, Angleterre) ou ovale (Allemagne). Au début, les écus ne comportaient qu’un seul « champ », l’image n’était donc pas divisée. Les divisions en plusieurs champs apparaissent à partir de 1250, par exemple pour représenter une alliance familiale par mariage ou les différents territoires sur lesquels régnait le porteur du blason. Les différents champs contiennent le plus souvent des motifs de couleurs précises.

Au fil du temps, d’autres éléments sont venus s’ajouter en dehors de l’écu. Explorons en détail ces éléments.

Émaux

Chaque élément d’un blason possède au moins une couleur, appelée « émail » en héraldique. Les émaux se divisent traditionnellement en trois : les métaux argent (blanc) et or (jaune) ; les couleurs gueules (rouge), azur (bleu), sable (noir), sinople (vert) et parfois pourpre ; les fourrures, surtout l’hermine et le vair (peau d’écureuil).

La règle héraldique la plus importante est que deux métaux ou deux couleurs ne peuvent pas se toucher dans un même champ afin de garantir un meilleur contraste. Mais comme toute règle, elle est parfois ignorée.

Partitions et pièces

Les armoiries présentent souvent un motif géométrique. Un écu peut être divisé en différents champs de même taille. Une telle division, appelée partition, peut déjà suffire comme blason simple. Dans ce cas, les différents champs d’un écu peuvent être « plein », c’est-à-dire teintés d’une seule couleur, mais ils présentent généralement des motifs de deux ou plusieurs couleurs. Un écu peut être divisé verticalement, horizontalement ou en diagonale en champs de même taille, et ce même plusieurs fois.

Les images géométriques simples sont appelées « pièces ». Elles font partie des formes élémentaires de l’héraldique et se composent de formes géométriques comme une croix ou des bandes de différentes tailles, allant d’un bord à l’autre, soit de l’écu, soit d’un champ.

Contrairement au français, l’allemand classe souvent les partitions parmi les pièces héraldiques.

Les meubles héraldiques

Les héraldistes appellent « meubles » les motifs représentant des êtres vivants et des objets stylisés. Ces figures sont placées à l’intérieur de l’écu et ne touchent généralement pas le bord de celui-ci. Elles peuvent se poser sur les pièces et partitions. Parmi les meubles, on trouve des petites figures géométriques (comme les losanges et les étoiles), mais aussi des personnages, des animaux (comme les lions et les aigles), des végétaux, bâtiments, objets, ainsi que des créatures imaginaires. Les possibilités sont illimitées.

Les héraldistes appellent « meubles » les motifs représentant des êtres vivants et des objets stylisés.

Du point de vue de l’observateur, les hommes et les animaux sont en général tournés vers la gauche pour exprimer leur volonté de combat. En héraldique, « dextre » indique le côté droit de l’écu (à gauche pour l’observateur), « senestre » se dit du côté gauche (à droite pour l’observateur).

▪ Ceci est un extrait édité de la brochure accompagnant l’exposition « Ars Heraldica », disponible pour commande sur notre site web ou au guichet d’accueil de la Bibliothèque nationale. En savoir plus

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