Les armoiries perdues de Charles Quint Quand les ornements extérieurs deviennent témoins de l’époque
L’élément central d’un blason est l’écu. Au fil du temps, celui-ci a été enrichi de plusieurs autres composants. Dès 1300, les armes des chevaliers se dotent de casques et cimiers décoratifs qui reprenaient parfois les motifs des armoiries. De nombreux chevaliers portaient ces ornements sur leurs casques lors des tournois.
Au cours du 14e siècle, d’autres éléments s’ajoutèrent, tels que des couronnes, des devises, des cris de guerre, des ordres et des décorations. Les ecclésiastiques ajoutaient des chapeaux plats ou des mitres à leurs armoiries. En fonction du nombre d’éléments présentés, on distingue les petites, moyennes et grandes armoiries d’une personne, d’une famille ou d’un pays.
Ces ornements ne sont pas seulement des éléments décoratifs, mais ils fournissent également des indices précieux sur le contexte historique dans lequel ils ont été utilisés. Examinons de plus près un exemple spécifique : Charles Quint.
En tant que roi d’Espagne, empereur du Saint-Empire romain germanique et seigneur des Pays-Bas, il était l’une des figures les plus puissantes de son époque. Son écu est couronné du collier de la Toison d’or, le tout encadré par les colonnes d’Hercule, limite du monde habitable, et par la banderole Plus ultra, qui symbolise les possessions outre-mer de l’Espagne.
L’armorial a été réalisé dans le contexte de la guerre menée par l’empereur Charles Quint, à la tête de la Ligue catholique de Nuremberg, contre les États de la Ligue protestante de Schmalkalde. La guerre a commencé le 11 août 1546 avec la clôture de la Diète de Ratisbonne et s’est terminée par la capitulation de Wittenberg (19 mai 1547). C’est ainsi que l’on peut expliquer, sur le feuillet exposé, la date de 1546 au-dessus des armoiries de l’empereur Charles Quint.
Ce manuscrit et son manuscrit jumeau (Karlsruhe LB Cod. 2821), probablement de meilleure qualité mais plus incomplet, n’ont jamais été pris en compte par les historiens de cette période troublée du Saint Empire romain germanique. Les 815 noms et armoiries des nobles catholiques de cette Ligue de Nuremberg n’ont pas d’équivalent dans une source historique ou administrative connue.
▪ Ceci est un extrait édité de la brochure accompagnant l’exposition « Ars Heraldica », disponible pour commande sur notre page publications ou au guichet d’accueil de la Bibliothèque nationale. En savoir plus
Dernière modification le