Quand le parfum portait remède : jardins des cloîtres, jardins des princes Annick Le Guérer ; photogr. Michel Le Louarn ; parfums recréés par Daniela Andrier, Dominique Ropion
Ce catalogue d’exposition, écrit par une anthropologue et philosophe, décrit les pouvoirs médicaux attribués aux plantes aromatiques du Moyen Âge au 18e siècle. On estimait à l’époque que l’odeur avait un pouvoir curatif, d’où les liens entre parfumerie et pharmacie. En Europe jusqu’à la fin du 19e s., on surévaluait l’effet négatif des mauvaises odeurs sur la santé et le terme « empester », qui nous a été légué de l’épidémie de la peste faisait référence à la puanteur et à la mort. C’est Charlemagne qui promulgua une ordonnance impériale désignant 90 plantes et arbres à planter dans les abbayes et ainsi les moines ont tenu une part importante dans la transmission des connaissances botaniques et médicales. Dans la seconde moitié du 14e s. les princes vont créer leurs propres jardins médicinaux. Certains sont l’œuvre de femmes, tel que celui de Marguerite de Flandre connu pour ses roses et fleurs de lavande. Au 16e s. on se soucie de l’hygiène urbaine et certains métiers qui souillent l’air doivent être reléguer en dehors des villes, tel que les chiffonniers, selliers, corroyeurs, dégraisseurs de vêtements et même les « putains publiques », dont le nom vient de « putida » (puante). C’est l’époque de l’apparition des latrines et de l’interdiction de tenir des porcs, poules, lapins et pigeons en ville. Cependant même après l’avènement de Louis XIV, Paris était sale et on l’appelait « la ville de boue ». La princesse Palatine remarquait : « Paris est un endroit horrible, puant er très chaud. Les rues ont si mauvaise odeur qu’on n’y peut tenir : l’extrême chaleur y fait pourrir beaucoup de viande et de poisson, et cela, joint à la foule de gens qui pissent dans la rue [...] ». Ce livre très érudit a le mérite d’être amusant surtout à cause des vertus curatives loufoques qu’on attribuait à certaines plantes et en plus il contient des pages parfumées.
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